Investissant l’atelier comme un laboratoire, Sambou Diouf conduit
son esprit en se laissant guider par les mediums et les procédés. Ni
réflexion théorique, ni définition d’un discours, l’artiste construit pas
à pas son grand imagier, où ses figures hybrides mettent en lumière
la continuité du vivant et les passages incessants de l’animalité à
l’humanité.
L’atelier, il le fréquente d’abord assidûment, dans une volonté
d’apprentissage pendant plus de dix années auprès de son mentor
Abdoulaye N’doye. Tardivement, il devient lauréat des Beaux-Arts de
Dakar, l’atelier devient ensuite son lieu de vie, un endroit de mise en
œuvre de sa propre pensée. Sous nos yeux, L’artiste bâtit une œuvre
puissante, assemble paisiblement une sorte de puzzle pour
appréhender
la nature humaine. Ses sujets sont de drôles personnages
anthropomorphes et primitifs, bizarres et familiers.
Loin de la morale, son œuvre explore les méandres du NOUS,
scrute dans une étonnante fécondité les balancements les plus
sensibles de notre société.
Sambou Diouf a un rapport cognitif au monde, qui renvoie à
l’enfance, qui questionne le païen et le sacré. Il délivre une poésie
métaphorique où ses sujets éprouvent l’équilibre instable de
tensions, expérimentent la complexité des solidarités toujours
prêtes à se défaire. En imitant les figures animales, on apprend à
devenir homme, semble nous chuchoter l’artiste... Sambou Diouf
dresse un alphabet de situation qui nous questionne pour mieux
apprendre de nous-même.
Jardin Rouge est aussi un autre atelier qu’il affectionne, les matériaux sont aussi multiples qu’insolites –emballages, papiers, plastiques...–, l’artiste utilise les moindres aspérités de ses supports pour insuffler sa matière. Sur des sortes de patrons de couture, le brou de noix, les pastels, les pigments naturels sont les outils qui donnent naissance à ses formes, pour être ensuite réassemblées. L’artiste nous offre de prodigieux palimpsestes où le regardeur ressent l’urgence de s’ouvrir à d’autres dehors. La chose n’est sans doute pas nouvelle, mais la comédie humaine décrite, délivre d’autres résonances, dévoile les mutations perceptives et cognitives d’un monde social mis à l’épreuve. Ni contes, ni fables, les œuvres de Sambou Diouf sont des voyages contemporains et populaires vers d’autres dialectes, d’autres traditions, où les corps physiques, sociaux et politiques interrogent ce que nous sommes, nous pensons et nous vivons.
La Galerie des Résidents de la Fondation Montresso* accueillera la présentation de IMAGOS, croisement des univers de l’artiste franco-marocaine Mouna Saboni et sud-africaine Barbara Wildenboer.
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