Errance(s)
Yasmine Hatimi, Ignacio Lobera, Bence Magyarlaki
27.04 – 22.07.2023
Questionnant le regard porté sur et à travers le corps, les trois artistes créent un dialogue visuel saisissant apte à déconcerter les désignations imposées.
Les photographies de Yasmine Hatimi s’articulent ainsi comme exploration des strates constitutives de la conception de la masculinité dans nos sociétés contemporaines. Sous le titre évocateur La Chasse aux Papillons, sa série d’images en noir et blanc créent des moments suspendus dans le temps où les potentiels libérateurs de l’individu sont appréhendés dans toute leur fragilité. Déconstruisant une image de la masculinité dictée par les injonctions sociales, traditionnelles et religieuses, l’artiste ouvre l’horizon à d’autres acceptions de cette notion.
Entre l’exposition des rues et l’intimité du jardin secret, Yasmine Hatimi crée une tension émotionnelle qui trouve sa prolongation dans le dédoublement des corps chez Ignacio Lobera. Du papier à la sculpture, les corps se déploient dans un mouvement constant et engagent un espace singulier où intérieur et extérieur s’amalgament. L’artiste-même devient sujet d’étude dans un jeu de perspective alternante, où questionnements et doutes s’incorporent dans des silhouettes spectrales revisitant les performances du théâtre d’ombre. La série Médula suit alors un geste hasardeux et retrace une réalité sensible où corps et espace confluent. Soulevant ainsi des perceptions multiples du corps et de ses déplacements à travers des espaces instables, la distorsion des figures reflète les émois intérieurs.
Dans la continuité de cette quête de l’intime insondable, les sculptures de Bence Magyarlaki incorporent une tension constante d’un corps tiraillé entre le système social, l’institution familiale et les propres désirs de libération. Interrogeant le geste dans sa valeur sociale et physique, la série Body Shema : (Non)Violent Protectors extériorise une intimité organique et émotionnelle du corps. Entre la rigidité du matériel et la fluidité des formes, l’artiste nous invite à repenser la fixité des normes sociales et conventionnelles autour du corps et de sa performance publique et intime.
Exposition présentée du 27 avril au 22 juillet 2023 à La Galerie des Résidents.